Tuesday, November 26, 2013

Grille de la semaine #59 [League of Extraordinary Ladies and Gentlemen #45]

Eh oui, un sudoku classique, il faudra patienter une semaine supplémentaire pour quelque chose de plus original. Afin qu'il vous occupe tout de même quelques minutes, il comporte un passage pas tout à fait trivial.
Pour rappel, les grilles de la League sont jouables en ligne à l'adresse http://sudokucup.com/node/3172 avec un délai de 24h.

Classic sudoku today; sorry but you will have to wait another week for something more original. It should still be hard enough to occupy you for a few minutes.
Remember that you can solve the puzzles from the League online on http://sudokucup.com/node/3172 with a 24h delay.

Règles :
Chaque ligne, colonne et région doivent contenir les chiffres de 1 à 9.
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Each row, column and region must contain the digits from 1 to 9.

#66 Sudoku



Wednesday, November 20, 2013

Grille de la semaine #58 [League of Extraordinary Ladies and Gentlemen #44]

Là où le Sudoku Antiknight joue avec les déplacements d'un cavalier d'échecs, le Sudoku Untouch préfère s'intéresser aux mouvements du roi du même jeu ; ainsi, deux chiffres identiques ne peuvent jamais être en contact orthogonalement (ce qui est évident) ou diagonalement. Une fois encore, une règle des plus simples mais qui suffit amplement à bouleverser le processus de résolution - bien que cette grille en particulier soit de difficulté moyenne et ne fasse guère appel à des techniques avancées.
Pour rappel, les grilles de la League sont jouables en ligne à l'adresse http://sudokucup.com/node/3172 avec un délai de 24h.

Where the Antiknight Sudoku plays with a chess knight's moves, the Sudoku Untouch finds more interest in the moves of the king; hence, two identical digits can never touch each other nor orthogonally (which is obvious), neither diagonally. Once again, a very simple constraint that is more than enough to affect drastically the solving process - although this particular puzzle is of intermediate difficulty and does not make huge use of advanced techniques.
Remember that you can solve the puzzles from the League online on http://sudokucup.com/node/3172 with a 24h delay.

Règles :
Chaque ligne, colonne et région doivent contenir les chiffres de 1 à 9.
Deux cases se touchant diagonalement ne peuvent contenir le même chiffre.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Each row, column and region must contain the digits from 1 to 9.
Two diagonally adjacent cells cannot contain the same digit.

#65 Sudoku Untouch



Sunday, November 17, 2013

22e Championnats du Monde de Jeux de Logique - Partie 3




 Vendredi 18 octobre ; septième jour en Chine. Quatre journées de compétition étaient derrière moi et, sans surprise, je n'allais pas disputer - loin s'en fallait - les phases finales du WPC. J'avais atterri en 41e position avec 2914 points, à des lieues des 4240 points de William Blatt, 10e et dernier qualifié. Une place de mieux que l'an dernier avec pourtant moins d'entraînement et en jouant dans un état des plus moyens ; cela me satisfaisait, au même titre que la place de 2e français. Pas fâché de pouvoir assister à une finale en spectateur, je profitai donc de la fin des événements aussi détendu que possible.





Vendredi 18 octobre - troisième jour de compétition WPC
Palmer Mebane (6060), Ulrich Voigt (5169), Hideaki Jo (5127), Thomas Snyder (5107), Bram de Laat (4893), Qiu Yanzhe (4553), Peter Hudák (4506), Kota Morinishi (4301), Sebastian Matschke (4251) et William Blatt (4240), tels étaient ceux qui allaient s'opposer lors de phases finales conçues sur le même principe que celles du WSC, hormis des différences minimes : 10 grilles au lieu de 9, et des rangées se rétrécissant au niveau de la 5e et de la 8e grille plutôt que de la 4e et de la 7e.

Playoffs
Je le disais dans mon précédent message, je n'ai pas suivi avec une grande précision le déroulement de cette demi-finale ; les points cruciaux, au nombre de deux, furent :
- Palmer rendant la 10e grille le premier et avec une avance raisonnable, après avoir fait la course en tête fort de près de cinq minutes d'avance engrangées durant les épreuves.
- Thomas se voyant retoqué aux portes de ce qui aurait été une finale américano-américaine, après avoir rendu fausse son ultime grille. Ulrich se faufila dans l'interstice avant que Thomas ait pu corriger son erreur, et pour la troisième année consécutive c'est un duel Allemagne/États-Unis qui décida de l'attribution du titre.

Finale
Là encore, conformément à ce qui avait eu lieu en sudoku, tout allait se jouer en trois manches gagnantes après que les finalistes aient fait leur choix parmi une liste de dix jeux.
La première grille, choisie par Palmer, fut un Tapa, ce qui ne surprit probablement pas la moindre personne dans l'assistance. La surprise vint après, quand nous vîmes Palmer enchaîner les erreurs, passant d'une couleur de feutre à l'autre, puis changeant de notation afin de faire une troisième tentative... avant de se résoudre à demander un autre exemplaire de la grille (chaque participant ayant droit à une feuille de secours, une fois par jeu). Ulrich de son côté ne semblait toutefois pas plus sûr de lui et en vint finalement à demander à son tour une feuille de rechange. Pendant ce temps, Palmer continuait de multiplier les erreurs au risque de ne plus pouvoir écrire quoi que ce soit sur une feuille déjà devenue difficilement lisible. En fin de compte, et sans que grand monde, je pense, n'ait réussi à suivre, il se débrouilla pour rendre à un arbitre visiblement décontenancé une solution comportant des points de deux couleurs, des cases noires, d'autres bleues, et des lignes noires censées correspondre à sa réponse définitive. Son patchwork ayant été validé, Palmer marqua le premier point : 1-0.
Que de l'attendu également avec la deuxième grille, un Kakuro classique. Un duel prometteur, Palmer n'étant pas particulièrement faible en la matière comme il nous l'avait démontré l'an dernier en se payant le luxe d'éliminer nul autre que Hideaki sur une telle grille. Les deux avançaient à vitesse raisonnable avec une petite avance pour Ulrich, qui rendit le premier ; il s'avéra de toute façon que Palmer avait commis une petite erreur et le point alla sans discussion à Ulrich : 1-1.
Un Digital Numbers suivait, à la règle toutefois légèrement différente de ce que nous avions pu voir durant les épreuves : il n'était plus question de somme mais chacun des chiffres de 1 à 9 devait être employé exactement une fois. Tous deux avaient manifestement bien préparé le problème et Palmer démarra la grille sur le même rythme que le Tapa, exploitant d'entrée de jeu un indice 0 qu'il avait manifestement déduit par comptage... malheureusement la similitude avec le Tapa ne s'arrêta pas là et une première contradiction apparût. Ni une ni deux, Palmer demanda une seconde feuille, se relança à l'assaut à partir du même indice (entre temps devenu un 3, comme il l'explique dans son propre compte-rendu), mena la résolution et rendit la grille... porteuse de deux 4. Ulrich avait dans l'intervalle mené son bonhomme de chemin de façon plus prudente, et rendit sa feuille avant que Palmer ait pu tenter de retravailler la sienne. 1-2.
Quatrième grille, sur choix d'Ulrich, un Pentomino. Connaissant son affection pour ce type de jeux, les choses semblaient prendre une excellente tournure pour le méga-médaillé. Une fois de plus il partit sur un rythme peu impressionnant d'abord, mais affichant une maîtrise évidente. En face, Palmer peinait visiblement à trouver l'ouverture ; il fit une tentative désespérée qu'il tenta de mener à terme mais Ulrich avait posé son dernier pentomino avant même que ce premier réalise s'être fourvoyé.

Pour la troisième année consécutive, le podium se constituait de Ulrich, Palmer et Thomas. L'excellent résultat de William Blatt et la bonne performance de Jonathan Rivet permirent à l'équipe américaine de s'emparer du titre par équipes, devant l'Allemagne et le Japon ; podium des plus conventionnels. Et Ulrich remportait donc, paisiblement comme à son accoutumée, un neuvième titre mondial...

3... 2... 1.

Résultats individuels :

1. Ulrich Voigt (Allemagne)
2. Palmer Mebane (États-Unis)
3. Thomas Snyder (États-Unis)
4. Bram de Laat (Pays-Bas)
5. Hideaki Jo (Japon)
6. Qiu Yanzhe (Chine)
7. William Blatt (États-Unis)
8. Kota Morinishi (Japon)
9. Sebastian Matschke (Allemagne)
10. Peter Hudák (Slovaquie)

Résultats complets 

Résultats par équipes :

1. États-Unis
2. Allemagne
3. Japon
4. Slovaquie
5. Pologne
6. Royaume-Uni
7. Turquie
8. République Tchèque
9. Canada

Bilan de l'équipe de France, dans le détail :

Olivier Rubio - 30
Bastien Vial-Jaime - 41
Frédérique Rogeaux - 48
Jean-Christophe Novelli - 65

La fin de la journée s'avéra d'autant plus plaisante que ma voix avait timidement commencé à revenir ; j'en profitai pour tenter de rattraper le retard pris au cours des jours précédents, et la soirée se passa entre variantes du Rubik's cube à la table franco-italienne, discussions avec l'équipe japonaise sur des sujets s'étalant de l'organisation de compétitions à la popularité respective du judo dans nos deux pays, et dissection d'un carré latin en compagnie des américains. Cette année encore, malgré le plaisir pris lors des épreuves et l'excitation procurée par les phases finales, ce fut probablement le moment le plus agréable de ces championnats. Le retour au bercail, le lendemain, fut l'occasion d'une nouvelle halte en région parisienne avant que de retrouver le calme alpin...

Et après ?
10 mois à patienter avant les prochains championnats. Un long moment lorsqu'on les attend avec la même impatience que moi ; mais un délai bien juste pour accomplir dans l'intervalle tout ce que l'on souhaite. Ma 1ère place française en sudoku et ma 2e place en jeux de logique vont se traduire par le fait d'avoir à organiser les prochaines sélections françaises pour les deux disciplines, aux côtés de Sylvain et Olivier. Aussi passionnant cela soit-il, et je suis en particulier ravi d'avoir l'occasion de préparer les qualifications de jeux de logique pour la première fois, une question se fait jour, comme chaque année : réaliser des épreuves qualificatives, oui, mais pour qui ? La participation, faible en sudoku, a tendance à atteindre au ridicule en jeux de logique, malgré un rebond l'an dernier suite à la tenue de présélections dans plusieurs villes. Pourquoi, et qu'y faire ?
Le sudoku, il y a maintenant plus de 7 ans, avait renouvelé l'exploit du Rubik's cube en touchant des millions de personnes à travers le monde, déclenchant une vague de popularité absolument exceptionnelle. Qu'en est-il aujourd'hui ? Sans surprise, l'enthousiasme initial est en partie retombé. Nombreuses sont pourtant les personnes qui continuent de pratiquer le jeu au quotidien, mais dans leur grande majorité elles n'imaginent pas un instant la richesse qui peut se cacher sous la grille de leur journal du matin, copie conforme de celle de la veille. Les sélections françaises pour les championnats du monde ne touchent qu'un public des plus restreints là où existe manifestement un vivier conséquent - ce n'est pas la Chine qui me contredira, laquelle a mené des actions d'envergure au sein des écoles, collèges et lycées afin de faire naître la passion du jeu au sein de sa jeune génération ; le tout s'étant traduit par rien moins qu'une double victoire nationale lors de ces championnats.
Quelle est la situation en France ? Un premier constat : l'offre éditoriale d'il y a 7 ans n'a pour ainsi dire pas évolué. 95% des revues spécialisées se contentent de proposer des grilles classiques générées à la chaîne par des programmes bêtes et disciplinés, à l'intérêt limité et menant fatalement à ce que se développe une lassitude bien compréhensible chez les amateurs/trices. Les journaux d'actualité, nombreux à proposer une grille quotidienne ou hebdomadaire, ne font pas mieux. Le potentiel à long terme du sudoku ne réside pas là, mais bien dans des grilles créées à la main (y compris les sudokus classiques) et, surtout, dans un renouvellement du jeu. Ce renouveau, ce sont les variantes qui en sont le moteur et les passionné(e)s ne s'y trompent pas ; il est bien difficile de revenir en arrière après s'y être plongé. Ce sont également les autres jeux de logique, indénombrables et comptant une foule de jeux de qualité tels le Kakuro, le Masyu, le Tapa ou le Star Battle - et leurs variantes - pour n'en citer que quelques-uns parmi les meilleurs, lesquels ne sont pas des sous-sudoku mais constituent bien une discipline à part, riche de potentiel et de plaisir intellectuel.
Alors pourquoi cette frilosité des éditeurs ? Je suppose qu'il est plus facile de se reposer sur ses acquis que de prendre le risque - bien faible, me semble-t-il - de s'ouvrir un tant soit peu à la nouveauté et à la qualité. Le sudoku se retrouve ainsi cantonné à un rôle de "bouche-trou intellectuel" tout juste bon à occuper un trajet de métro. Je ne pense pourtant pas que la situation soit irréversible. Un phénomène comparable affecte les mots croisés, dont on trouve quantité de grilles construites à la hache, comportant pour ainsi dire autant de cases noires que blanches et employant à tour de bras des définitions de l'ordre de "vient entre un et trois, en 4 lettres". Mais tous ne cèdent pas à la facilité, et certaines revues ont fait le choix de s'orienter vers des auteurs ayant à coeur de s'investir dans le processus créatif afin que ce qui en ressorte tienne plus de l'oeuvre que du produit. Sans doute n'est-il pas aussi aisé de concevoir en quoi une grille de jeu de logique peut posséder une personnalité propre au même titre qu'une grille de mots croisés. C'est pourtant le cas ; j'essaie d'en offrir la démonstration chaque mercredi, et d'autres que moi font de même, dans l'espoir de toucher enfin les personnes entre les mains desquelles repose la possibilité de diffuser auprès d'un plus large public cette myriade de jeux, qui offrent autant de façons d'exercer la curiosité intellectuelle présente en chacune et chacun de nous.
Dans l'attente de ce jour heureux, je vous donne rendez-vous ici-même pour la traditionnelle grille hebdomadaire  et espère pouvoir vous communiquer rapidement de premières informations concernant les présélections pour les championnats du monde 2014. Merci aux personnes ayant fait l'effort de lire jusqu'au bout mes digressions ; bon jeu à vous et à bientôt.

Nota : les images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.

Wednesday, November 13, 2013

Grille de la semaine #57 [League of Extraordinary Ladies and Gentlemen #43]

En attendant la conclusion de mon interminable compte-rendu, voici venu le temps de la grille hebdomadaire. Le Lesser Than 15 Sudoku est une variante que j'ai publiée pour la première fois en 2009. Sur le même principe que d'autres grilles du même type, elle se contente d'inclure une contrainte basée sur la somme de chiffres adjacents, ce qui suffit tout de même à s'amuser un peu.
Pour rappel, les grilles de la League sont jouables en ligne à l'adresse http://sudokucup.com/node/3172 avec un délai de 24h.

It is time for another weekly sudoku. Lesser Than 15 Sudoku is a variant I first published in 2009. Based on the same principle as other existing variants  of the same type, it relies on a simple constraint based on the sum of adjacent digits, which is enough to have some fun.
Remember that you can solve the puzzles from the League online on http://sudokucup.com/node/3172 with a 24h delay.

Règles :
Chaque ligne, colonne et région doivent contenir les chiffres de 1 à 9.
La somme de deux chiffres orthogonalement adjacents est toujours strictement inférieure à 15.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Each row, column and region must contain the digits from 1 to 9.
No two orthogonally adjacent digits can have a sum of 15 or more.

#64 Lesser Than 15 Sudoku



Monday, November 11, 2013

22e Championnats du Monde de Jeux de Logique - Partie 2




 Deuxième journée d'épreuves WPC, quatrième journée de compétition. Grippe, courbatures, fatigue... certes, mais 7 épreuves devaient encore se succéder sous la pointe de mon crayon, et elles n'étaient pas celles que j'attendais le moins impatiemment. Si rien de primordial n'allait se jouer pour moi au classement, il n'en était pas de même sur le plan du plaisir ; ce jour était le dernier qui me permettrait de profiter de cet événement unique que sont les championnats du monde, et je n'allais pas le laisser s'évanouir sans en avoir goûté l'essence.





Jeudi 17 octobre - deuxième jour de compétition WPC
Sept épreuves, aussi diversifiées que possible. Du long, du court, du noir et blanc et de la couleur... de l'individuel, du par équipes, et du mixte. Du bon à prendre partout en tout cas, et je ne m'en privai pas.

Épreuve 8 : Black and White Matrix (60')
Ce deuxième jour, je le disais, promettait de la variété. La matinée n'allait pas nous épargner avec une première épreuve de 60 minutes suivie d'une de 90 ; l'épreuve 8 s'annonçant plus comme un long sprint qu'autre chose. 12 grilles formaient la matrice du titre, soit un tableau de 4x3 grilles de type "Noir ou Blanc" - comprenez que chacune des cases, et ceci pour toutes les grilles, devait prendre l'une de ces deux valeurs - et étaient reliées entre elles par la propriété suivante : deux cases adjacentes appartenant à deux grilles distinctes sont de même valeur (n'hésitez pas à jeter un coup d'oeil à l'exemple présenté dans le livret d'instructions pour visualiser la chose plus facilement). Chaque grille individuelle était de taille standard, soit 10x10, et nous avions affaire aussi bien à des classiques du genre comme les fameux Paint it Black ou Battleships qu'à des jeux moins communs tels le Lakes (proche du Nurikabe mais à plus faibles contraintes) ou le Pata, variante un peu perturbante du fameux jeu turc. Moins de 19 minutes après le début de l'épreuve, Palmer Mebane rendait sa feuille ; le temps passant, il fut imité de plusieurs dizaines d'autres personnes (à de rares exceptions près, tout le monde dans le top 60 en finit dans les temps), moi compris mais avec une marge plutôt faible de 9 minutes, ayant entre autres beaucoup trop tardé à m'occuper de la partie inférieure droite de la grille. Pas d'erreur, mais performance plutôt faible compte tenu de la facilité de l'épreuve : 690.

Épreuve 9 : Assorted Puzzles (90')
Gros morceau que je n'accueillis pas volontiers compte tenu de mon état de forme toujours approximatif. L'épreuve était pourtant fort joliment composée : 10 types de grilles se disputaient nos honneurs, chacune comportant 3 grilles avec, dans chacun des cas, une grille ne comportant que des 2 pour indices, une se limitant à des 3 et la dernière à des 4, sans aucune exception à cette règle. La chose n'a peut-être l'air de rien vu de l'extérieur, mais cela révélait un travail impressionnant de la part des auteurs hongrois.
Quelques erreurs me coûtèrent juste assez cher pour que mon résultat s'avère là encore décevant : 395 sur 900 là où j'aurais probablement dû viser les environs des 500 - toutefois personne n'en termina : maximum de 825 pour Ulrich Voigt.

Épreuve 10 : Sprint (30')
Originale et redoutée, cette dixième épreuve était dédiée à un seul jeu ; les hongrois nous avaient déjà fait l'honneur d'une épreuve similaire en 2011, en proposant un round composé uniquement de grilles d'un nouveau type (Divide and conquer), ce qui s'était avéré surprenant mais dans l'ensemble agréable. Cette année, le jeu était connu : il s'agissait de grilles de type Dissection. Un principe enfantin : une grille de forme quelconque vous est donnée, à laquelle correspond un nombre. À vous de diviser la forme en question en autant de pièces isométriques (réflexions interdites dans le cas présent) que le nombre donné. Exemple :
Les choses auraient pu en rester là, cette règle permettant déjà la confection de puzzles redoutables. Les organisateurs avaient toutefois trouvé intéressant d'éliminer, pour l'occasion, la contrainte employée d'ordinaire et exigeant qu'une pièce se compose de cases reliées orthogonalement. En substance, il devenait possible de proposer des énoncés tels que celui-ci :
22 grilles, 30 minutes. Je n'avais là encore pas eu le temps de préparer l'épreuve et supputais que j'allais passer un dur moment. Je m'en tirai néanmoins avec 10 grilles - 100 points, profitant du fait que quelques-unes des grilles étaient d'une grande simplicité, ce qui me plaçait dans les mêmes eaux que mes adversaires directs. 360 pour Palmer, qui avait lui pris soin de s'entraîner en compagnie du reste de l'équipe américaine. Épreuve intéressante et que je regrette de n'avoir pas eu le temps d'étudier avant les championnats.

Épreuve 11 : Visual Puzzles (30')
2011 avait été l'année d'un Screen Test des plus marquants ; pour les non-initié(e)s, un Screen Test consiste généralement en une série de grilles faisant davantage appel à nos qualités visuelles et mémorielles que déductives, lesquelles grilles sont projetées sur écran afin de nous obliger à les résoudre mentalement. Cette année-là, les organisateurs s'étaient offert un petit plaisir en interprétant de la façon la plus biaisée possible les règles de chaque jeu - ainsi une basique épreuve demandant de compter des disques noirs avait traumatisé l'assistance : les disques en question étaient eux-mêmes agencés en un cercle... lequel était animé d'un mouvement de rotation. Allez compter combien de disques composent un cercle lorsque celui-ci tourne sur lui-même...
Pour 2013 toutefois, il s'avéra que l'équipe hongroise avait fait preuve d'un peu plus de retenue. Les 12 jeux proposés relevaient là encore d'une catégorie différente de ce à quoi nous sommes habitué(e)s, plus proches dans l'esprit des jeux de réflexion que l'on trouve dans certaines revues grand public, mais ils étaient cette fois couchés sur papier et nous pouvions à tout le moins user de nos précieux crayons, bien que cela fût rarement nécessaire. Nous eûmes entre autres un (gentil) exercice de comptage (N formes identiques sont enchevêtrées ; déterminez N), n'échappâmes pas au fameux problème d'engrenages ni à la reconstitution de cubes à partir de leurs moitiés. Les problèmes que je résolus ne me semblèrent pas d'une grande difficulté, mais il n'en reste pas moins que je ne pus faire mieux que 220/300, toutefois un assez bon score compte tenu de ma position. Robert Vollmert, auteur d'un excellent tournoi (il n'était qu'en équipe B d'Allemagne), finit avec une marge de plus de 7 minutes. Là encore une épreuve plaisante et qui ne me convint pas mal mais sur laquelle j'aurais probablement pu mieux faire.

Épreuve 12 : The Zodiac (45')
Le souci de bien faire n'est pas la moindre qualité des auteurs hongrois. Pour cette ultime épreuve individuelle, 12 grilles avaient été conçues en s'inspirant des 12 animaux du zodiaque chinois. Chacune reprenait, de plus ou moins près, la forme de l'animal lui étant associé. Aucune ne m'était réellement familière mais je pensais pouvoir m'en tirer avec 200 à 250 points. Il est notable qu'au-delà de leur aspect, les six grilles dont je vins à bout faisaient un bel usage de leur forme, laquelle orientait et servait véritablement la résolution. Je stoppai à 205 points, sans avoir regardé le Dog Criss-Cross qui serait pourtant tombé comme feuille en automne ; mais la fatigue était là et je savais que les deux épreuves par équipes qui nous attendaient ensuite allaient être particulièrement intenses.

Épreuve 13 : Samurai (60')
Vint le Weakest Link. Presque une tradition, il s'agit d'une épreuve par équipes consistant à faire résoudre aux joueurs/ses une ou plusieurs grilles de façon individuelle avant de les autoriser à rejoindre la table d'équipe où les attend le véritable problème, dont la résolution va être rendue possible par les indices que chacun(e) apportera avec lui/elle (il s'agit généralement de reporter des indices des grilles individuelles vers le problème central). Partie du problème réside dans le fait que les membres d'une même équipe n'atteignent en général pas leur table au même moment ; or, et là est bien ce qui fait le charme de l'épreuve, si l'équipe n'est pas au complet, le dernier problème demeure en général insoluble faute de disposer de tous les indices.

Phase 1 : Individuelle
5 grilles par personne ; pour gagner le droit d'accéder à la table d'équipe, 4 au moins devaient être correctes. L'idée était donc d'en boucler 4 et de ne s'occuper de la 5e qu'une fois à la table commune, aidé de ses coéquipier(e)s. Petite particularité cette année : les quatre lots de grilles individuelles n'étaient pas identiques mais comprenaient un lot "facile", un "moins facile", un "difficile" et un "plus difficile" (je reconnais ne pas pouvoir quantifier plus précisément leur difficulté). Nous eûmes donc à nous répartir les lots stratégiquement, dans le but évidemment que chacun(e) des quatre membres de l'équipe puisse atteindre la table commune ; ce que nous fîmes simplement, en nous basant sur notre classement provisoire. Placé 2e français à ce moment, j'héritai donc du lot "difficile". Je montai à l'étage du château, qui accueillait les rangées de tables destinées aux résolutions individuelles, et me mis à l'oeuvre au coup de gong.

Top départ à l'étage...

Les cinq types de grilles étaient : Tapa, Star Battle, Trinaire, No Four in a Row et Tria 4. Le Tapa me convenait bien, le Star Battle et le No Four moins mais je savais pouvoir en venir à bout en insistant, et les deux derniers jeux tenaient suffisamment du carré latin pour ne pas m'effrayer. Malgré une résolution propre du Tapa et du Star Battle, je me débrouillai pour faire des erreurs sur le Trinaire en occultant une partie de ses règles ; je pus tout de même le finir, complétai ma série par le No Four et courus à la table d'arbitrage faire valider mon lot. Pas d'erreur dans les grilles rendues, je dévalai l'escalier et arrivai à la table commune en première position, suivi peu de temps après par Olivier (lot "plus difficile").

... suite des événements au rez-de-chaussée

Phase 2 : Commune
5 nouvelles grilles nous attendaient à la table d'équipe. Chacune constituait le coeur d'un samurai (cf. Samurai sudoku pour visualiser plus facilement), les quatre grilles individuelles du même type venant s'imbriquer dans les quatre coins afin de pouvoir reporter des indices vers la grille centrale. Nous avions, naturellement, à déterminer à quel coin correspondait chaque grille. Ayant déjà commencé à plancher sur la disposition des grilles à l'arrivée d'Olivier, je poursuivis dans cette voie tandis qu'il complétait le Tria 4 que j'avais laissé de côté. Jean-Christophe (lot "facile") arriva sur ces entrefaites et s'empara de la 5e grille d'Olivier, puis Frédérique ("moins facile") nous rejoint - l'équipe était au complet. Une fois les dernières grilles individuelles expédiées, Olivier et moi nous concentrâmes sur les deux grilles à chiffres (Trinaire et Tria 4), qui tombèrent l'une après l'autre. Le No Four les rejoignit de la même façon pendant que Frédérique et Jean-Christophe venaient à bout du Tapa et attaquaient le Star Battle, qui nous échappa malheureusement. 1840/2000, 2570 pour l'Allemagne. Eûmes pu mieux faire, mais des équipes situées derrière nous au classement final, une seule obtint plus de points que nous sur cette épreuve.

Épreuve 14 : Year of Snake (60')
Une heure ! Une heure nous séparait de la fin de ces championnats, exception faite bien entendu des postulants aux playoffs - sur lesquels je n'avais pas la moindre visée. Une heure et c'en serait donc fini.
Monumentale nous l'attendions, monumentale elle fut. Imaginez une première grille, support de l'épreuve, d'à peu près 4500 cases. En son sein, 4 grilles fixes promettant déjà quelques belles minutes de travail : Easy as 12345 7x7, Fillomino 16x11, Skyscrapers 7x7, Magic Snail 1-4 8x8. En plus de celles-ci, 20 grilles amovibles 7x7 de cinq types, numérotées de 1 à 20 ; 20 emplacements étaient dessinés sur la grille support, mais il nous revenait d'associer chaque grille au bon emplacement. Comment ? Simple : une fois les 20 grilles placées, il devait être possible de faire passer un serpent (obéissant aux règles traditionnelles du Snake) reliant la n°1 à la n°20 en passant par les 18 autres grilles. La tâche nous était facilitée par les 4 grilles fixes, qui fournissaient des indices servant au placement des grilles amovibles. Enfin, nous avions à dessiner un second serpent (Triangle Snake) encadrant le tout, à partir d'indices entourant la grille support.
La résolution se fit en plusieurs étapes ; dans le détail :
1) Grilles fixes. Chacun(e) s'attela à une grille - nous nous les étions attribuées avant le début de l'épreuve - et ne releva les yeux de la feuille qu'une fois celle-ci complétée. J'héritai du Skyscrapers, l'une de mes spécialités, qui bien que de bonnes dimensions ne me posa pas de vrai problème.
2) Triangle Snake. Frédérique se sentant en confiance sur le Snake, on le lui laissa (volontiers, il faut bien le dire) et elle put y consacrer l'essentiel de ses efforts.
3) Plan. Afin de déterminer plus facilement le trajet du serpent "intérieur", nous décidâmes de schématiser la grille sur une feuille blanche. Je me dévouai à cette tâche.
4) Grilles amovibles. Jean-Christophe et Olivier avançaient pendant ce temps sur les 20 grilles amovibles. Je les rejoignis quand j'en eus fini avec le plan et le gros du travail commença : résolution, agencement, tracé du serpent sur le plan, résolution, agencement...
Frédérique vint victorieusement à bout du serpent polygonal, nous éliminâmes les derniers accrocs qui tentaient de se mettre en travers du passage de notre propre serpent et, après un peu moins de 55 minutes de travail acharné, retentit le "Finished" qui marquait la fin de notre aventure en Chine.
Aucune erreur ou case vide ne vint gâcher notre résultat et même si le Japon, du haut de ses 2840 points, pouvait légitimement se sentir pousser des ailes, nous savions que nous n'avions pas jeté nos forces à moitié dans la bataille. Au-delà des 2150 points, nous avions surtout engrangé 55 minutes de plaisir intellectuel brut.

 L'équipe finno-danoise à la chasse au serpent géant

Alors, fin de l'histoire ? Avec 16789 points - que diable, ôtez ce 6 ! - l'équipe France A terminait 11e des championnats. À quatre places de sa performance de 2012, et pourtant... nous n'étions pas déçu(e)s. Avions-nous mal joué ? Non. Mal collaboré lors des épreuves par équipes ? Pas davantage. Quelques erreurs bien sûr, mais rien qui aurait fait une différence au classement. Les autres équipes avaient simplement été meilleures, comme cela arrive.

La journée du lendemain allait consacrer le 22e champion du monde de jeux de logique ; bien que j'aie suivi d'assez loin les phases finales de ce second championnat, j'en dirai quelques mots dans la dernière partie de mon compte-rendu, qui sera également l'occasion d'un récapitulatif et d'une ou deux autres choses...

À suivre !

Nota : les images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.

Thursday, November 7, 2013

22e Championnats du Monde de Jeux de Logique - Partie 1


Après deux journées intensives de compétition, nul(le) n'aurait dédaigné une pause ; mais cela n'était pas au programme car ce mercredi matin marquait le début des 22e championnats du monde de jeux de logique (WPC), grande soeur des WSC. Ceux-ci allaient nous voir nous affronter sur pas moins de quatorze épreuves dont, de même qu'en sudoku, trois manches par équipes. J'y participais également pour la troisième fois mais il ne s'agissait que de ma seconde expérience en tant que joueur "officiel", membre de l'équipe A. L'essentiel de ma faible préparation ayant été destiné au sudoku, je me lançai à l'abordage de ces championnats sans autre objectif que profiter de l'instant - mais avec tout de même à coeur de ne pas m'avérer indigne de mon équipe.
Contrairement au sudoku, les épreuves n'avaient pas été mises en place par nos hôtes chinois mais par la fameuse équipe hongroise dont j'avais déjà eu l'occasion de goûter les créations en 2011.


Mercredi 16 octobre - premier jour de compétition WPC
Sept épreuves nous attendaient pour cette première journée ; sur les sept, chacun(e) d'entre nous n'aurait toutefois à en résoudre que six, les rounds 4 à 7 participant d'un même ensemble intitulé "Around the world in 80 puzzles" et qui consistait en quatre sets de grilles créées par d'autres auteurs que les organisateurs hongrois ; je reviendrai plus en détails sur cette initiative originale. La première épreuve de la journée avait lieu dans le "château" principal et, première originalité, il s'agissait d'une épreuve par équipes. Mon extinction de voix ne s'étant pas arrangée avec la nuit, cela promettait de limiter grandement mes moyens de communiquer avec le reste du groupe...

Épreuve 1 : Welcome to China! (60')
Épreuve par équipes donc, celle-ci faisait honneur à son nom et était conçue afin de tirer profit des tables qui meublent les restaurants chinois, circulaires et surmontées d'un plateau également circulaire et rotatif. 8 grilles partielles de taille 13x10 étaient positionnées sur la partie fixe de la table, tandis que leurs 8 compléments, de taille 7x10, se répartissaient sur le plateau. La subtilité de l'épreuve résidait dans le fait que si les 8 "moitiés"  inférieures étaient identifiées, il nous revenait de déterminer à quelle règle correspondait chacune des sous-grilles du plateau. Par chance les 8 grilles appartenaient à deux familles bien distinctes (region puzzles, tels Star Battle et LITS et circle puzzles, tels Masyu ou Yin/Yang), de sorte que nous n'avions en réalité que 2x4 couples de grilles à apparier.
Suffisamment de types me convenaient pour que je puisse commencer par celui ayant ma préférence (LITS) et embrayer sur autre chose après avoir atteint un point de blocage. J'avais avant cela fait un peu de ménage parmi les moitiés supérieures de type region, à partir de quelques critères simples (la moitié supérieure du Star Battle devait contenir exactement 14 régions, celle du LITS uniquement des zones de 4 cases ou plus, etc.). J'avançai donc le LITS, que je finis par compléter après qu'Olivier eût débloqué sa partie supérieure, travaillai le Double Back en compagnie de Frédérique et avançai largement le Star Battle que nous finîmes de concert. À 1'40 de la fin, nous rendions nos 8 grilles... avec malheureusement une erreur sur le Double Back. 1774/2000 ; nous aurions hérité de 2030 points sans cet accroc. Les États-Unis firent d'emblée montre de leur domination avec un impressionnant score de 2960 points. Notre équipe, même si nous ne l'apprîmes que plus tard, démarrait en 9e position au classement officiel.

La concentration à son paroxysme

Épreuve 2 : Classic Puzzles (60')
Épreuve individuelle d'introduction, celle-ci s'annonçait amicale et comme devant raisonnablement bien me convenir malgré mon manque de pratique. Sur les 16 grilles (de 10 types différents), 10 me plaisaient, 3 beaucoup moins, 2 pouvaient me tenter comme me rebuter en fonction de leur apparence (Domino Halves) ; restait un Sudoku +/-4 à 70 points, la plus grosse grille de l'épreuve, que je n'avais absolument pas eu le temps d'étudier et préférais ne pas tenter. Je commis plusieurs erreurs sur des grilles que je pus toutefois refaire et en terminai en ayant comme prévu laissé de côté tous les jeux me déplaisant, à l'exception du premier Battleships. Résultat : 375/600, maximum de 630 pour Palmer Mebane qui fut seul à finir. Départ correct.

Épreuve 3 : Digital Puzzles (40')
9 grilles de 7 types, l'ensemble de l'épreuve tournant autour de la représentation de chiffres sous forme digitale. Cette épreuve semblait impressionner beaucoup de joueurs/ses ; de mon côté je ne l'appréhendais pas particulièrement car elle comportait assez de grilles à mon goût pour que je puisse me concentrer sur celles-ci et faire l'impasse sur celles que je craignais. Les deux Sum Skyscrapers furent comme prévu vite avalés et j'enchaînai sur le Digital Honey, grille la plus chère du round, qui tomba relativement facilement. Rassuré d'avoir déjà engrangé 130 points dans un délai raisonnable, je m'attaquai au supposé facile Masyu. Son lien avec le thème de l'épreuve résidait dans le fait que la boucle devait, au sein de certaines zones, dessiner un chiffre parmi 1, 2, 5 et 7 (chacun exactement deux fois). Je résolus les deux tiers de la grille sans difficulté, pour me retrouver face à une contradiction. Ne pouvant corriger, j'effaçai tout et recommençai sur le même rythme. Rapidement, nouvelle contradiction au même endroit. Une seule solution, partir de zéro à nouveau et vérifier deux fois chacune des déductions que j'avais effectuées lors de mes premiers essais. Étape par étape j'arrivai ainsi, beaucoup plus lentement... à la même situation. Rien ne servant de s'entêter dans ce genre de cas, je passai au Digital Paint, variation du Paint By Numbers visant à placer les chiffres de 0 à 9 dans la grille sans que ceux-ci se touchent les uns les autres. Je pus le terminer à temps mais n'eus que le temps d'entamer le premier Snail avant que sonne la fin de l'épreuve. Mon score annoncé de 180 était loin de me satisfaire mais je pensais avoir tout de même sauvé la face grâce au Digital Honey.
J'avais laissé au sein de celui-ci 3 cases incomplètes. De 70 à 0 et de 180 à 110 sur 400. Personne n'en finit dans les temps : maximum de 310 pour Peter Hudák. Palmer Mebane annonça 360 mais finit à 290, possiblement victime comme moi du manque de lisibilité du Digital Honey (ce que de mauvaises langues pourraient appeler "incapacité à relire ses grilles"). Correction : départ poussif.

Around the World in 80 Puzzles
Comme je le disais plus haut, les 4 épreuves qui allaient occuper notre après-midi étaient d'un type un peu particulier. Les hongrois avaient fait appel à quatre équipes d'auteurs étrangers afin que chacune concocte une épreuve d'une heure comportant vingt grilles. Chaque joueur/se allait devoir choisir 3 de ces 4 épreuves, et ferait l'impasse sur la dernière ; cependant ce n'était pas tout : les quatre membres d'une même équipe allaient nécessairement devoir remiser des épreuves différentes (si le joueur 1 décidait de sauter l'épreuve 3, les autres membres de l'équipe devraient tous la faire).
Après étude du livret d'instructions il me semblait préférable pour ma part d'éviter l'épreuve 4 (Dutch Delight, préparée par les auteurs néerlandais), qui comportait peu de grilles sur lesquelles je me sentais en confiance - rétrospectivement, il s'agissait d'un mauvais choix ; je pus faire la plupart des grilles sans grande difficulté après coup. Quoi qu'il en soit, j'allais donc profiter d'une heure de pause supplémentaire en début d'après-midi et ne reprendrais le jeu qu'à 15h30.

 Orange comme un puzzle

Épreuve 5 : Indian Intrigue (60')
Mon après-midi commença donc par l'épreuve indienne. Les indices de chacune des 20 grilles formaient une lettre ou un chiffre (plus exactement deux chiffres dans le cas de la grille 9), composant le message "Enjoy WPC 22 Indian Round". Un agréable effort esthétique que nous devions à Prasanna Seshadri, auteur de l'épreuve. Je découpai le Trio Cut, m'affranchis du Gapped Kakuro malgré une erreur qui me coûta probablement plus de 5 minutes, et vins également à bout du Bahnhöfe, du Toroïdal Skyscrapers, du Pipes, du A/S Heyawacky et du Cave. J'eus également le temps de planter le Country Road et de commencer une ou deux autres grilles... Ensemble peu concluant avec 35 points visés sur 120 ; les scores de ces épreuves seraient pondérés et ajustés plus tard en fonction des résultats de l'ensemble des participant(e)s et du barême du reste du tournoi, ce qui se traduisit par un score final de 276 - maximum de 828 pour Palmer. 276 qui ne correspondaient toutefois pas exactement à mes 35 points espérés mais bien à 31 car j'avais cette fois encore laissé une case vide, ici sur le Trio Cut...

Épreuve 6 : Doubled Decathlon (60')
Cette épreuve comportait pour partie des grilles me convenant particulièrement bien (TomTom, alias KenKen, Yajilin, Nurikabe...) et pour partie des jeux que je prévoyais de ne pas même tenter (Battleships, Rolling Maze...). Elle était conçue sur un thème cher à Thomas Snyder consistant à présenter, pour dix types de jeux, une grille répondant aux règles de base et une seconde, variation de la première, jouant sur l'idée de "doublement" : le Doubled TomTom comprenait 2 grilles possédant la même solution, le Doubled Battleships réclamait que l'on place deux flottes de bateaux en son sein, etc.
Quelques mauvais choix, comme esquiver les deux Criss-Cross, firent que je passai à côté de la possibilité d'atteindre ou dépasser les 50 points sur cette épreuve, mais je m'en tirai tout de même avec un raisonnable 42, converti par la suite en un 326. Bram de Laat atteignit les 820.

Épreuve 7 : Serbian Snacks (60')
Ultime épreuve de la journée, celle-ci n'allait pas se révéler comme la plus coriace ; mais mon angine avait laissé place depuis plusieurs heures à des symptômes d'ordre grippal et une toux persistante rechignait à me laisser me concentrer plus de quelques secondes d'affilée. Je commis erreur sur erreur, en particulier sur deux des plus grosses grilles (Spiral Galaxies et Pento Corral, 8 et 12 points échappés de la sorte), et ne réalisai même pas que j'avais sauté le Odd/Even Tapa à 8 points, pourtant une de mes cibles prioritaires. Comble d'une épreuve ratée, je commis une risible erreur de calcul sur le February Math, grille ne consistant qu'en une poignée d'additions simples. Mes 34 points provinrent essentiellement de grilles faciles expédiées sans autre forme de procès (Mastermind, Masyu, Fillomino...). Comme je le disais précédemment, l'épreuve était la plus facile du lot et une fois normalisé mon score devint un minuscule 217.

Nous y étions ! Fin de la première journée de tournoi WPC, pas follement réjouissante du point de vue de la performance mais déjà plaisante en ce qui concernait la qualité des jeux. Nous prévoyions pourtant que le meilleur était à venir le lendemain, tant la journée concentrait d'épreuves originales et alléchantes. Tint-elle ses promesses ? La réponse à cette question sous peu...

À suivre !

Nota : les images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.

Wednesday, November 6, 2013

Grille de la semaine #56 [League of Extraordinary Ladies and Gentlemen #42]

Aller de l'avant vaut mieux que ruminer sa rancoeur ; cette semaine, un Killer Sudoku de bon aloi. Excellente variante que j'ai toujours plaisir à créer et à résoudre, mais si mais si. La grille contient 5 cases vides. Pourquoi pas, après tout ?
Pour rappel, les grilles de la League sont jouables en ligne à l'adresse http://sudokucup.com/node/3172 avec un délai de 24h.

Say hello to this week's Killer Sudoku, definitely one of my all-time favorite variants despite of recent events. There are 5 empty cells in it. Why? Well, why not?
Remember that you can solve the puzzles from the League online on http://sudokucup.com/node/3172 with a 24h delay.

Règles :
Chaque ligne, colonne et région doivent contenir les chiffres de 1 à 9.
De plus, le nombre en haut à gauche d'une zone délimitée correspond à la somme des chiffres de cette zone. Un chiffre ne peut se répéter au sein d'une zone.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Each row, column and region must contain the digits from 1 to 9.
The value on the top-left corner of a bounded area is equal to the sum of this area's digits. No digit can repeat within an area.

#63 Killer Sudoku



Sunday, November 3, 2013

8e Championnats du Monde de Sudoku - Partie 3



3 épreuves allaient conclure ces championnats ; un nouveau round de variantes de 88 minutes, promettant de proposer de la matière avec notamment la grille la plus chère du tournoi, un sprint de 15 minutes consistant en une imbrication de grilles classiques, et un ultime round de variantes de 35 minutes, tout entier dédié au fameux chiffre 8. En ce second matin de compétition mon extinction de voix avait quasiment réduit à néant ma capacité à m'exprimer ; il est heureux que la journée n'ait pas comporté d'épreuves par équipes (le problème se posa toutefois dès le lendemain...).
J'entamai cette seconde journée dans un curieux état mixte mêlant fatigue, abattement et détermination en vue de conserver ma position de n°2 provisoire.



Mardi 15 octobre - second jour de compétition WSC

Épreuve 9 : Close Relative Sudoku (88')
16 grilles constituaient 8 paires, composées chacune d'une variante commune et d'une variation de celle-ci. Le Diagonal Sudoku était ainsi décliné en Anti-Diagonal, le Consecutive en X-Consecutive (le 1 du sudoku consécutif traditionnel laissant place à une inconnue à déterminer), alors que le Outside Sudoku héritait quant à lui d'un descendant difficile à ignorer : le 6-Cell Outside Sudoku, donné à 66 points, promettait des sueurs froides à qui s'y attaquerait. Échaudé par le Mathdoku de l'épreuve 5 et convaincu que le 6-Cell ne serait pas rentable, j'avoue que je ne le regardai même pas. Je commençai par me débarrasser de toutes les grilles courantes (1/3/5/7/9/11/13/15) et de celles parmi les variations qui me convenaient le mieux : Antidiagonal (2), Odd-Even Consecutive (6, sans grande efficacité), X-Difference (8, plus rapidement), Within Box Skyscrapers (12) et Anti-Knight-and-Queen (14). À moins de 10 minutes de la fin de l'épreuve, me restaient le Halved Squares Sudoku (41 points), le 6-Cell et un Outside Consecutive Sudoku à 45 points sur lequel, manque de préparation aidant, je ne me sentais pas en confiance. J'optai pour le Halved Squares, lequel ne semblait pas redoutable, et pus effectivement le terminer largement dans les temps. Je me lançai ensuite sans le moindre espoir sur le Outside Consecutive et commis une erreur qui trancha définitivement en ma défaveur. J'espérais donc 489 points, un score qui bien que peu impressionnant semblait me placer dans les trois meilleures performances, d'après les échos saisis au sortir de l'épreuve. Hélas, avoir interverti les 6 derniers chiffres de la Within Box me coûta la coquette somme de 50 points. Bilan : 439/600, maximum de 493 pour Jan Mrozowski.

Épreuve 10 : The Great Wall (15')
Cinq grilles classiques reliées deux à deux par un coin formaient ladite muraille. 20 points étaient attribués par grille résolue, soit un maximum de 100 points hors bonus. Compléter la muraille dans les délais semblait un beau défi compte tenu du niveau des grilles classiques de l'épreuve 4, mais tel devait être l'objectif des postulants au top 10. La grille s'avéra soluble dans les temps... à condition de réaliser suffisamment vite que le seul moyen de la casser était de progresser de la droite vers la gauche. Je mis malheureusement plusieurs minutes avant de m'en apercevoir et ne pus en finir que d'extrême justesse, là où quelques joueurs ayant eu le bonheur d'attaquer plus tôt du bon côté réussirent à grappiller 1 à 5 minutes de bonus (meilleur score pour Tiit Vunk une fois de plus, avec 140 points). La réalisation de cette grille était probablement un peu discutable ; compte tenu de sa difficulté relativement élevée, il était tout à fait possible de s'entêter sur la partie gauche de la grille, effectuant de modestes mais insuffisants progrès sans jamais réaliser que l'on faisait face à une impasse. Ceci mis à part, la grille était techniquement bien conçue et sa difficulté justement dosée à mon avis.

Épreuve 11 : The Lucky Number 8 (35')
Huit grilles, et nous connaîtrions le nom des 10 finalistes de ces championnats 2013. Sept ne m'inquiétaient pas outre mesure, une me faisait hésiter quant à la stratégie à adopter. Le Distance to 8 Sudoku était donné à 50 points et pouvait fort bien gâcher l'épreuve à lui seul, que ce soit par sa difficulté ou à la suite d'une erreur identifiée trop tardivement.
Je commençai par les trois dernières grilles. Le With 8 Sudoku tomba en un clin d'oeil, et le 4 by 2 ne posa guère plus de problèmes ; puis les choses se gâtèrent. Je commis une première erreur sur le 8 by 4, qu'il me fallut plusieurs minutes pour identifier et que je ne pus corriger. Je l'abandonnai là, entamai le Distance to 8 dans l'espoir qu'il se révèle plus aisé que son score le laissait entendre... et, après quelques minutes de travail, fis face à une contradiction. Ayant trop peur de perdre l'essentiel de mon temps sur cette seule grille, je me mis à l'abordage du Little Killer, une variante dont je pensais maîtriser les subtilités, mais échouai inexplicablement à exploiter l'indice 48. Je laissai donc une troisième grille irrésolue et décidai de me remettre en selle sur le Classic 8, un simple sudoku classique 8x8 à 12 points qui ne devait pas pouvoir me poser de problème. Deux minutes plus tard, je le gommai pour la première fois et refis immédiatement une tentative. À nouveau deux minutes plus tard, même conclusion ; je laissai là le sudoku classique et attaquai le Answer 8 Sudoku, donné à 38 points mais qui ne me semblait pas pouvoir s'avérer réellement difficile. Hormis une petite inversion que je pus heureusement corriger, j'en vins à bout... mais nous approchions déjà du coup de gong final. J'eus le temps de revenir au 8 by 4, que je terminai néanmoins laborieusement, mais pas celui de faire une troisième tentative sur le Classic 8.
J'achevai ainsi cette série de 11 épreuves sur un fiasco, ayant recommencé plus de grilles que je n'en avais terminé, et ayant notamment réussi à échouer deux fois sur un sudoku classique dont un enfant viendrait à bout. 108 points visés sur 230 alors que j'espérais un minimum de 180 ; ultime coup du sort, 10 points me furent retirés pour une case fausse sur le Answer 8 - je vous laisserai juger de l'énormité de la chose :


Sans surprise j'héritai du plus mauvais score parmi les joueurs du top 10, et même bien au-delà puisque je fus le seul joueur parmi les 24 premiers à marquer moins de 100 points sur cette épreuve. Une conclusion bien peu convaincante donc.

Malgré cela je parvins à préserver mon avance sur mes adversaires directs et c'est toujours en 2e position qu'apparaissait mon nom lorsque fut publié le classement cumulé. Tiit demeurait premier avec une marge des plus conséquentes, lui garantissant de démarrer les playoffs avec plus de 5 minutes d'avance sur l'ensemble des autres finalistes. S'il semblait promis à une médaille, j'avais bien l'intention de rattraper ma finale manquée de la veille et de faire tout mon possible pour accrocher un podium.
Après que Chen Cen, assistée de Wei-Hwa Huang à la traduction, nous eût communiqué les instructions nécessaires, chacun prit place à la table qui lui était réservée dans l'attente du top départ. La demi-finale allait donc opposer les 10 meilleurs joueurs au classement cumulé des 8 épreuves individuelles, nommément Tiit Vunk (2176), moi-même alias Bastien Vial-Jaime (1865), Kota Morinishi (1857), Jin Ce (1833), Jan Mrozowski (1831), Jakub Ondroušek (1785), Hideaki Jo (1746), Seungjae Kwak (1728), Sun Cheran (1654) et Jan Novotny (1617). 9 grilles nous attendaient, divisées en 3 séries de 3, chacune comportant une classique et deux variantes. Reprenant le modèle des finales 2011, la totalité des demi-finalistes allait se confronter à la première série mais seuls les sept plus rapides accèderaient à la deuxième, la troisième n'étant ouverte qu'aux cinq premiers arrivés. Pour les traînards, les playoffs s'arrêteraient donc à la 3e ou à la 6e grille.

Playoffs - grille 1 (classic sudoku)
Une grille de difficulté moyenne pour se mettre en train ; Tiit, déjà fort de ses cinq minutes de bonus, en vint à bout rapidement (2'05) et il me fallut encore patienter plus de trois minutes avant de pouvoir l'entamer. Stressé, ma résolution fut plus laborieuse et j'en finis en à peu près 2'45 ; compte tenu du fait que quelques secondes séparaient mon départ de celui de Kota et Jin et que j'en finis avant eux, on peut toutefois supposer que leur temps ne fut pas inférieur au mien sur cette première grille. Je progressai donc d'un rang et rejoignis Tiit qui, après plus de 6 minutes de travail, n'avait pas encore réglé son compte à la deuxième grille.

Playoffs - grille 2 (killer sudoku)
Plutôt un de mes points forts, je savais cependant que plusieurs joueurs parmi mes adversaires étaient loin d'être maladroits sur cette variante, Jin Ce le premier. Je repérai rapidement un premier doublet 79 en région 3, lequel menait au placement de 3 chiffres. Puis je pénétrai une bulle d'inefficacité dont je ne parvins à m'extraire que 8 longues minutes plus tard, après avoir raté absolument tous les placements évidents que comportait la grille - laquelle était de difficulté tout à fait modeste. Tiit n'en avait fini que peu de temps avant moi après plus de 13 minutes de souffrance, et à l'exception de Jan Novotny tous les autres concurrents en avaient profité pour nous rattraper... et nous dépasser.

Premiers arrivés à la table 2, derniers à la quitter

Playoffs - grille 3 (antidiagonal sudoku)
Je résolus sans histoire bien que sans gloire cette troisième grille de difficulté moyenne, dans un temps probablement équivalent à celui de Tiit, mais je savais en rendant ma feuille que les dés avaient été jetés lors de la grille précédente. Sept concurrents avaient déjà entamé la résolution de la deuxième série de grilles, et l'aventure s'arrêtait là pour nous. Nous échangeâmes un regard et la déception qu'il lut dans le mien devait probablement correspondre à celle qui fut la sienne lorsqu'il comprit que c'en était terminé de ses chances après avoir dominé d'une tête l'ensemble de la scène compétitive durant une journée et demie d'épreuves. Devant, la course continuait mais nous ne verrions jamais les six grilles suivantes.

Playoffs - grilles 4 à 9
Corollaire de ma défaite, j'eus tout loisir d'assister en spectateur à la suite de la demi-finale. Mon état de fatigue ne me permit pas d'en retenir le détail mais Kota finit le premier, suivi deux minutes plus tard par Jin avant que Jakub ne vienne compléter le podium et s'emparer de la médaille de bronze.

Finale
Quelques minutes après la fin de la demi-finale, Kota et Jin prenaient place sur l'estrade devant leur pupitre respectif, afin de se mesurer en 3 manches gagnantes sur un maximum de 5 grilles choisies par les finalistes au sein d'une liste comportant classiques et variantes apparues durant le tournoi.
La première grille choisie fut un élégant sudoku classique à 21 chiffres donnés, de difficulté raisonnable. Les deux joueurs avancèrent de façon à peu près simultanée jusqu'au point de blocage mais Jin, en difficulté sur la seconde moitié de la résolution, dut concéder à Kota cette première manche : 1-0.
La deuxième grille consistait également en un sudoku classique ; cette fois les adversaires ne suivirent pas la même piste et Jin prit rapidement l'ascendant alors que Kota persistait à ignorer le coin inférieur droit de la grille. Le temps que celui-ci réoriente ses recherches dans la bonne direction, le joueur chinois en avait terminé : 1-1.
Une première variante nous fut enfin proposée avec la troisième grille, un consecutive sudoku. Kota commit d'emblée une erreur en attribuant arbitrairement un sens croissant à une série de 4 chiffres consécutifs alors que rien ne semblait permettre d'en décider aussi tôt ; et de fait, il réalisa un peu plus tard qu'il s'était fourvoyé. Jin, qui n'était guère plus à l'aise jusque là, finit tout de même par progresser et rendit sa grille le premier : 1-2.
Un ratio sudoku venait ensuite. Variante peu impressionnante en temps normal, celle-ci n'était pourtant pas totalement évidente et les deux joueurs eurent quelques moments de blocage. Kota l'emporta néanmoins avec une marge raisonnable pour revenir à égalité : 2-2.
Tout allait donc se jouer, sans grande surprise, sur un troisième sudoku classique. Mon point de vue ne me permettait pas de suivre le déroulement des choses avec une grande précision mais aucun joueur ne sembla prendre l'avantage de façon décisive dans un premier temps ; tout à coup Jin, étant manifestement venu à bout du passage clé, commença à distancer Kota - la fin de la grille approchait indéniablement quand le japonais amorça une des remontées phénoménales dont il a le secret et, bien que parti de plus loin que son adversaire, il en finit... une poignée de secondes après lui. La juge de Jin valida sa résolution, et c'en fut fini : à travers la Chine, le continent asiatique s'emparait de sa première médaille d'or. Kota Morinishi de son côté héritait d'une troisième médaille d'argent consécutive, le laissant - parmi d'autres - une fois de plus sur sa faim.
Il serait possible d'épiloguer longuement sur le fait qu'en l'espace de trois grilles, les joueurs classés 1 et 2 à l'issue d'un jour et demi d'épreuves, soit après s'être avérés les plus efficaces sur près de 80 grilles, se retrouvèrent relégués aux places 8 et 9. Le fait est que le poids relatif d'une erreur ou d'un moment de blocage sur une grille n'était pas du tout le même sur les épreuves et lors des demi-finales ; la différence était même d'autant plus grande que la politique des organisateurs chinois avait consisté en une assez grande tolérance vis-à-vis des erreurs lors des épreuves, via l'adoption d'un système de points partiels. Si l'on ajoute à cela le fait que la demi-finale était elle-même suivie d'une finale qui remettait à nouveau sur un pied d'égalité ou presque les joueurs classés 1 et 2 lors de l'étape précédente, soit deux remises à (presque) zéro consécutives, on peut s'interroger sur l'efficacité de ce système à désigner le meilleur joueur des championnats. Tout ceci est dit sans acrimonie et je ne remets certes pas en question les résultats de Jin, Kota et Jakub qui ont tous trois offert un excellent niveau de jeu tout au long de la compétition ; je regrette simplement que les playoffs de ces championnats, comme d'autres avant eux, aient une nouvelle fois été établis avec pour but de proposer un contenu spectaculaire - à destination d'une diffusion télévisée dans le cas présent - plus que de tendre vers la plus grande efficacité et le plus grand confort de jeu pour les principaux intéressés. Le principe des "chaises musicales" adopté en 2011 et 2013, certes intéressant du point de vue d'un spectateur, est-il réellement légitime dans le sens où il sanctionne définitivement toute défaillance qui serait rattrapable dans un autre contexte ? Plus radicalement, ne serait-il pas envisageable de simplement désigner le vainqueur à l'issue des épreuves, quitte à proposer une finale "blanche" sans enjeu ? Je n'ai pas de réponse définitive à ces questions mais il me semble qu'elles peuvent faire l'objet d'une discussion possiblement féconde.
Quoi qu'il en soit, telles étaient les règles auxquelles nous avions accepté de nous plier avant la compétition ; après qu'une finale eût été près de me faire progresser de la 4e place à la 1ère, une autre me faisait chuter et quelles que puissent être mes réserves vis-à-vis du mécanisme employé pour les playoffs, le fait demeurait que j'avais faibli là où je n'aurais pas dû. Et bien que cela fût dur, il n'en restait pas moins que les onze épreuves constituant ce tournoi s'étaient avérées des plus plaisantes et que de mes trois participations depuis l'année 2011, ce tournoi resterait comme celui correspondant le mieux à l'idée que je me faisais d'un championnat du monde de sudoku. Mon angine n'avait pas suffi à m'empêcher de profiter des événements et si c'est un peu amer, et complètement aphone, que je passai la soirée du mardi au sein d'une chambre érigée en communauté indépendante et multiculturelle franco-suisso-indienne, le contentement d'avoir vécu à nouveau des moments intenses autant qu'enrichissants était indéniablement le plus fort des sentiments qui m'habitaient alors.

 Jakub Ondroušek (3) - Jin Ce (1) - Kota Morinishi (2)

Résultats individuels :

1. Jin Ce (Chine)
2. Kota Morinishi (Japon)
3. Jakub Ondroušek (République Tchèque)
4. Jan Mrozowski (Pologne)
5. Sun Cheran (Chine)
6. Hideaki Jo (Japon)
7. Seungjae Kwak (Corée du Sud)
8. Tiit Vunk (Estonie)
9. Bastien Vial-Jaime (France)
10. Jan Novotny (République Tchèque) 

Résultats complets 

Résultats par équipes :

1. Chine
2. République Tchèque
3. Japon
4. France
5. Slovaquie
6. Allemagne
7. Pologne
8. Inde
9. États-Unis

Forte d'avoir placé trois joueurs dans le top 12 et de s'être avérée remarquablement efficace sur les épreuves 7 et 8, la Chine remporta également avec une marge conséquente le tournoi par équipes, suivie de la République Tchèque et du Japon. La France s'en tira à peu près aussi bien que possible compte tenu de l'irruption de la Chine dans le top 3 et notre 4e place par équipes me consola quelque peu de n'avoir atteint aucun de mes objectifs personnels. Nos résultats sur le plan individuel :

Bastien Vial-Jaime - 9
Sylvain Caudmont - 21
Timothy Doyle - 26
Frédérique Rogeaux - 34

Pour la troisième année consécutive nous établissions une nouvelle meilleure performance d'équipe, touchant cette fois du doigt le podium. Considérant que chacun des pays du top 3 avait réussi à placer deux joueurs dans le top 10 individuel, nous n'avions pas à rougir de notre performance d'ensemble.

C'en était maintenant fini de ces 8e championnats du monde de sudoku, mais tout n'était pas terminé... bien loin de là. La compétition reprenait dès le lendemain matin pour les participant(e)s aux championnats de jeux de logique (WPC), dont j'étais une nouvelle fois.

À suivre !

Nota : certaines images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.

Friday, November 1, 2013

8e Championnats du Monde de Sudoku - Partie 2



Les 8 premières épreuves étaient maintenant derrière nous ; cependant l'heure n'était pas encore venue de laisser retomber la pression, du moins pas pour les 10 joueurs s'étant qualifiés pour la finale du Sudoku Grand Prix 2013. Le Grand Prix, dont il s'agissait de la première édition, avait consisté en une série de huit tournois en ligne organisés par divers pays parmi lesquels l'Inde, la Serbie ou encore le Royaume-Uni, le tout sous l'égide de la World Puzzle Federation, tutrice des championnats. À l'issue de ces huit tournois, les six meilleures performances de chaque participant(e) avaient permis l'établissement d'un classement général, lequel avait distingué dix personnes ; et ce sont celles-ci qui allaient s'affronter en ce premier soir de championnat lors d'une finale en une manche et comportant huit grilles. Malgré quelques contre-performances je m'étais tiré de la série de tournois préliminaires avec une satisfaisante 4e place et étais donc de ceux qui allaient en découdre. L'ordre des grilles était défini et nous avait été préalablement communiqué ; nous allions ainsi devoir résoudre consécutivement un Gappy Consecutive Sudoku, un Point To Next, un Arrow, un Tennis, un Extra Regions, un Even/Odd, un Odd Lab et enfin un Coast to Coast Sudoku.
Le Odd Lab mis à part, ces variantes me convenaient toutes – dans une certaine mesure – et je pensais avoir mon épingle à tirer du jeu à condition de ne pas commettre de bourde. Ceci prendra tout son sens à la lecture des lignes qui viendront...
Après que le grand coordinateur de la finale, mon bon ami MC Tom Collyer, nous eût exposé la façon dont allaient se dérouler les choses, nous prîmes place sur l'estrade où avaient été disposées les dix tables nous étant destinées. Les oreilles couvertes d'un casque antibruit doublé de bouchons, le tout s'avérant malheureusement inefficace à couvrir parfaitement la voix des deux commentateurs, je n'attendais que le signal du départ pour m'élancer (Kota Morinishi, 1er à l'issue des tournois préliminaires, allait démarrer avec une avance de 10" sur Hideaki Jo, 2e, et ainsi de suite jusqu'à Michael Ley, 10e avant la finale et qui partirait donc 1'30 après Kota).


Grille 1 : Gappy Consecutive Sudoku (Karel Tesař) – 59:30 55:04
De par ses règles, cette première grille promettait de ne pas être la plus aisée, ou du moins la plus rapide à résoudre ; néanmoins la poignée de grilles du même type que j'avais eu l'occasion de voir auparavant m'avait conforté dans l'idée que je ne serais sans doute pas le plus mal à l'aise face à cette variante. Et de fait, je m'en débarrassai sans difficulté bien que sans avoir le sentiment d'avoir joué de façon optimale.

Grille 2 : Point To Next Sudoku (Deb Mohanty) – 54:04 → 49:54
Là encore, une grille pouvant se révéler coriace mais face à laquelle je m'avançais confiant. L'agencement original des indices (les lignes 1 à 5 ne comportaient que des chiffres et les lignes 6 à 9 des flèches) promettait une résolution inhabituelle, chose ayant tendance à me convenir ; 4 minutes 10 secondes plus tard je rendais ma feuille raisonnablement satisfait – j'apprendrai après que je me suis effectivement mieux tiré de cette grille que la plupart de mes adversaires.

Grille 3 : Arrow Sudoku (Stefan Heine) – 48:54 → 40:52
Premier gros accroc sur une grille pourtant de difficulté très raisonnable... trop peut-être : un peu de précipitation me fit éliminer un chiffre trop hâtivement en milieu de résolution et je ne constatai l'erreur qu'à la fin de la grille. Trop tard pour corriger – quelques rageux coups de gomme plus tard, je reprenais de zéro en pestant intérieurement, convaincu d'avoir déjà laissé échapper toute chance de podium. La seconde tentative fut la bonne mais je gâchai en pure perte plus de 4 minutes dans l'affaire.

Grille 4 : Tennis Sudoku (Frédéric Stalder) – 39:52 → 35:54
La quatrième grille de cette finale fut pour moi une surprise à plus d'un titre puisqu'elle s'avéra particulièrement innovante alors même qu'il s'agissait d'une variante dont je considérais qu'elle recelait un potentiel des plus faibles. Difficile de dire si cela me fut favorable sur le plan de la compétition (il s'agissait là encore d'une grille que, me basant sur nos temps comparés sur les quelques grilles existantes du même type, je pensais maîtriser au moins aussi bien que mes concurrents directs) mais je pris incontestablement un plaisir inattendu à résoudre cette grille de belle conception.

Grille 5 : Extra Regions Sudoku (Tom Collyer) – 34:54 → 33:19
Malgré sa grande facilité, on reconnaissait la patte de Tom sur cette Extra Regions conforme à ses goûts en la matière. Esthétique et au cheminement plaisant, des placements simples suffisaient toutefois à en venir à bout et il ne me fallut guère plus d'une minute et demie pour ce faire.

Grille 6 : Even/Odd Sudoku (Thomas Snyder) – 32:19 → 28:51
Autre grille de belle conception et d'un type me convenant bien, mais sur laquelle j'estimai ne pas avoir été aussi performant que souhaité – sentiment récemment confirmé par le fait que je gagnai une minute sur mon temps de la finale lorsque je la résolus une seconde fois après que le fichier eût été publié.
Malgré quelques faiblesses en cours de résolution et surtout en dépit du temps perdu à refaire intégralement la grille n°3, il apparaît que j'étais à ce moment précis en première position (ce dont je n'avais pas conscience sur l'instant). C'est alors que la roue tourna...

Grille 7 : Odd Lab Sudoku (Salih Alan) – 27:51 → 21:28
Stress, fatigue, ou simple défaut d'efficacité intellectuelle qui aurait pu se produire à n'importe quel moment ? Impossible de cerner précisément les causes de ce que je fis sur la grille n°7, mais je commis là une erreur d'une grossiereté confondante. La grille, d'une extrème symétricité – ce que je ne notai absolument pas sur le coup – était conçue de façon à exploiter au maximum cette caractéristique. Le coin supérieur gauche ("début" du labyrinthe) et le coin inférieur droit ("fin" de celui-ci) présentaient la même caractéristique, un agencement des 2 et des 8 forçant le passage du labyrinthe, respectivement vers le bas et vers le haut, le reste de son parcours étant imposé par la masse de chiffres pairs occupant le centre de la grille et obligeant les chiffres impairs à serpenter via les régions 1, 4, 7, 8, 5, 2, 3, 6 et 9, dans cet ordre. Inexplicablement, je fis l'impasse sur le coin inférieur droit et me convainquis du fait que le tracé ne pouvait en aucun cas emprunter la région 5 et devait nécessairement suivre un parcours 1-4-7-8-9, et arriver par conséquent du côté gauche de la case terminale. Je progressai de cette façon, avançant résolument vers une impasse annoncée, jusqu'à constater mon erreur. J'effaçai donc mon travail mais il me fallut encore – toutes proportions gardées – énormément de temps pour réaliser que le passage du labyrinthe allait devoir se faire via le coeur de la grille. 6 minutes 23 secondes me furent nécessaires pour cette grille qui n'aurait pas dû m'en demander plus de 3 ; entre temps, la première place provisoire m'avait été ravie mais je demeurais à portée du podium.

Grille 8 : Coast To Coast Sudoku (Gabriele Simionato) – 20:28 → 17:33 et fin.
Enfin vint le moment d'en découdre avec l'ultime grille de cette série, pas la plus menaçante à première vue mais Gabriele avait conçu un Coast To Coast Sudoku plus subtil que la moyenne et dont le passage clé faisait appel à un X-Wing des 2, toutefois aisé à repérer. Sans m'avérer d'une grande efficacité, j'avançai à une allure raisonnable et parvins à en finir juste à temps pour lever la main en 3e position. Hélas, la minute de vérification écoulée, mon juge me rendait ma feuille en me signifiant qu'elle comportait une erreur. Je n'eus que le temps de la repérer avant que Jakub ne lève la main à son tour et ne me ravisse la médaille de bronze. Étant revenu sur la grille un peu plus tard, je situai rapidement le problème qui avait eu pour origine l'inversion des deux doublets situés en lignes 1 et 2 ; j'avais semble-t-il échangé un 23 pour un 27, et l'erreur avait eu suffisamment peu de conséquences sur le reste de la grille pour que je ne m'en rendisse pas compte.

La messe était dite : l'attribution des trois premières places marquant la fin de la compétition, j'en restai à 7 grilles résolues sur 8 et héritai de la 5e place définitive. La déception d'avoir gâché une si belle occasion après avoir mené le train pendant la majeure partie de la finale fut heureusement quelque peu atténuée par le fait que la fatigue avait commencé à s'emparer de moi ; bien que passionnante, ce fut en effet une longue soirée au cours de laquelle mon état empira graduellement, et j'avais presque complètement perdu la voix lorsque je rejoignis ma chambre afin de profiter d'un repos nécessaire.

Kota Morinishi remporta le trophée de 1er vainqueur du Sudoku Grand Prix, suivi de Tiit Vunk et Jakub Ondroušek.


Restait maintenant à espérer que les trois dernières épreuves individuelles programmées le matin du jour suivant n'allaient pas tourner au fiasco à leur tour, me privant de la perspective de disputer une seconde finale. Mais ceci vous sera exposé dans un prochain message...

Si vous souhaitez vous essayer aux grilles de la finale, sachez qu'elles sont accessibles à partir de la page http://www.worldpuzzle.org/sudokugp/finals/ (lien Final Puzzles, en bas de la page), de même que leur solution et une galerie de photographies présentant les finalistes dans l'ordre décroissant de leur position avant d'entamer la finale.

Classement définitif du Sudoku Grand Prix 2013 :

1. Kota Morinishi (Japon)
2. Tiit Vunk (Estonie)
3. Jakub Ondroušek (République Tchèque)
4. Hideaki Jo (Japon)
5. Bastien Vial-Jaime (France)
6. Nikola Živanović (Serbie)
7. Seungjae Kwak (Corée du Sud)
8. Ulrich Voigt (Allemagne)
9. Michael Ley (Allemagne)
10. Jan Mrosowski (Pologne)

À suivre !

Nota : les images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.