Les 8 premières épreuves étaient
maintenant derrière nous ; cependant l'heure n'était pas encore
venue de laisser retomber la pression, du moins pas pour les 10
joueurs s'étant qualifiés pour la finale du Sudoku Grand Prix
2013. Le Grand Prix, dont il s'agissait de la première
édition, avait consisté en une série de huit tournois en ligne
organisés par divers pays parmi lesquels l'Inde, la Serbie ou encore
le Royaume-Uni, le tout sous l'égide de la World Puzzle
Federation,
tutrice des championnats. À l'issue de ces huit tournois, les six
meilleures performances de chaque participant(e) avaient permis
l'établissement d'un classement général, lequel avait distingué
dix personnes ; et ce sont celles-ci qui allaient s'affronter en ce
premier soir de championnat lors d'une finale en une manche et
comportant huit grilles. Malgré quelques contre-performances je
m'étais tiré de la série de tournois préliminaires avec une
satisfaisante 4e place et étais donc de ceux qui allaient en
découdre. L'ordre des grilles était défini et nous avait été
préalablement communiqué ; nous allions ainsi devoir résoudre
consécutivement un Gappy
Consecutive Sudoku,
un Point To Next,
un Arrow,
un Tennis,
un Extra Regions,
un Even/Odd,
un Odd Lab
et enfin un Coast
to Coast Sudoku.
Le
Odd Lab
mis à part, ces variantes me convenaient toutes – dans une
certaine mesure – et je pensais avoir mon épingle à tirer du jeu
à condition de ne pas commettre de bourde. Ceci prendra tout son
sens à la lecture des lignes qui viendront...
Après que le grand coordinateur
de la finale, mon bon ami MC Tom Collyer, nous eût exposé la façon
dont allaient se dérouler les choses, nous prîmes place sur
l'estrade où avaient été disposées les dix tables nous étant
destinées. Les oreilles couvertes d'un casque antibruit doublé de
bouchons, le tout s'avérant malheureusement inefficace à couvrir
parfaitement la voix des deux commentateurs, je n'attendais que le
signal du départ pour m'élancer (Kota Morinishi, 1er à l'issue des
tournois préliminaires, allait démarrer avec une avance de 10"
sur Hideaki Jo, 2e, et ainsi de suite jusqu'à Michael Ley, 10e avant
la finale et qui partirait donc 1'30 après Kota).
Grille 1 : Gappy Consecutive
Sudoku (Karel Tesař) –
59:30 → 55:04
De par ses règles, cette première
grille promettait de ne pas être la plus aisée, ou du moins la plus
rapide à résoudre ; néanmoins la poignée de grilles du même type
que j'avais eu l'occasion de voir auparavant m'avait conforté dans
l'idée que je ne serais sans doute pas le plus mal à l'aise face à
cette variante. Et de fait, je m'en débarrassai sans difficulté
bien que sans avoir le sentiment d'avoir joué de façon optimale.
Grille 2 : Point To Next
Sudoku (Deb Mohanty) – 54:04 → 49:54
Là encore, une grille pouvant
se révéler coriace mais face à laquelle je m'avançais confiant.
L'agencement original des indices (les lignes 1 à 5 ne comportaient
que des chiffres et les lignes 6 à 9 des flèches) promettait une
résolution inhabituelle, chose ayant tendance à me convenir ; 4
minutes 10 secondes plus tard je rendais ma feuille raisonnablement
satisfait – j'apprendrai après que je me suis effectivement mieux
tiré de cette grille que la plupart de mes adversaires.
Grille 3 : Arrow Sudoku
(Stefan Heine) – 48:54 → 40:52
Premier gros accroc sur une
grille pourtant de difficulté très raisonnable... trop peut-être :
un peu de précipitation me fit éliminer un chiffre trop hâtivement
en milieu de résolution et je ne constatai l'erreur qu'à la fin de
la grille. Trop tard pour corriger – quelques rageux coups de gomme
plus tard, je reprenais de zéro en pestant intérieurement,
convaincu d'avoir déjà laissé échapper toute chance de podium. La
seconde tentative fut la bonne mais je gâchai en pure perte plus de
4 minutes dans l'affaire.
Grille 4 : Tennis Sudoku
(Frédéric Stalder) – 39:52 → 35:54
La quatrième grille de cette
finale fut pour moi une surprise à plus d'un titre puisqu'elle
s'avéra particulièrement innovante alors même qu'il s'agissait
d'une variante dont je considérais qu'elle recelait un potentiel des
plus faibles. Difficile de dire si cela me fut favorable sur le plan
de la compétition (il s'agissait là encore d'une grille que, me
basant sur nos temps comparés sur les quelques grilles existantes du
même type, je pensais maîtriser au moins aussi bien que mes
concurrents directs) mais je pris incontestablement un plaisir
inattendu à résoudre cette grille de belle conception.
Grille 5 : Extra Regions
Sudoku (Tom Collyer) – 34:54 → 33:19
Malgré sa grande facilité, on
reconnaissait la patte de Tom sur cette Extra Regions conforme
à ses goûts en la matière. Esthétique et au cheminement plaisant,
des placements simples suffisaient toutefois à en venir à bout et
il ne me fallut guère plus d'une minute et demie pour ce faire.
Grille 6 : Even/Odd Sudoku
(Thomas Snyder) – 32:19 → 28:51
Autre grille de belle conception
et d'un type me convenant bien, mais sur laquelle j'estimai ne pas
avoir été aussi performant que souhaité – sentiment récemment
confirmé par le fait que je gagnai une minute sur mon temps de la
finale lorsque je la résolus une seconde fois après que le fichier
eût été publié.
Malgré quelques faiblesses en
cours de résolution et surtout en dépit du temps perdu à refaire
intégralement la grille n°3, il apparaît que j'étais à ce moment
précis en première position (ce dont je n'avais pas conscience sur
l'instant). C'est alors que la roue tourna...
Grille 7 : Odd Lab Sudoku
(Salih Alan) – 27:51 → 21:28
Stress, fatigue, ou simple défaut
d'efficacité intellectuelle qui aurait pu se produire à n'importe
quel moment ? Impossible de cerner précisément les causes de ce que
je fis sur la grille n°7, mais je commis là une erreur d'une
grossiereté confondante. La grille, d'une extrème symétricité –
ce que je ne notai absolument pas sur le coup – était conçue de
façon à exploiter au maximum cette caractéristique. Le coin
supérieur gauche ("début" du labyrinthe) et le coin
inférieur droit ("fin" de celui-ci) présentaient la même
caractéristique, un agencement des 2 et des 8 forçant le passage du
labyrinthe, respectivement vers le bas et vers le haut, le reste de
son parcours étant imposé par la masse de chiffres pairs occupant
le centre de la grille et obligeant les chiffres impairs à serpenter
via les régions 1, 4, 7, 8, 5, 2, 3, 6 et 9, dans cet ordre.
Inexplicablement, je fis l'impasse sur le coin inférieur droit et me
convainquis du fait que le tracé ne pouvait en aucun cas emprunter
la région 5 et devait nécessairement suivre un parcours 1-4-7-8-9,
et arriver par conséquent du côté gauche de la case terminale. Je
progressai de cette façon, avançant résolument vers une impasse
annoncée, jusqu'à constater mon erreur. J'effaçai donc mon travail
mais il me fallut encore – toutes proportions gardées –
énormément de temps pour réaliser que le passage du labyrinthe
allait devoir se faire via le coeur de la grille. 6 minutes 23
secondes me furent nécessaires pour cette grille qui n'aurait pas dû
m'en demander plus de 3 ; entre temps, la première place provisoire
m'avait été ravie mais je demeurais à portée du podium.
Grille 8 : Coast To Coast
Sudoku (Gabriele Simionato) – 20:28 → 17:33 et fin.
Enfin vint le moment d'en découdre
avec l'ultime grille de cette série, pas la plus menaçante à
première vue mais Gabriele avait conçu un Coast To Coast Sudoku
plus subtil que la moyenne et dont le passage clé faisait appel à
un X-Wing des 2, toutefois aisé à repérer. Sans m'avérer d'une
grande efficacité, j'avançai à une allure raisonnable et parvins à
en finir juste à temps pour lever la main en 3e position. Hélas, la
minute de vérification écoulée, mon juge me rendait ma feuille en
me signifiant qu'elle comportait une erreur. Je n'eus que le temps de
la repérer avant que Jakub ne lève la main à son tour et ne me
ravisse la médaille de bronze. Étant revenu sur la grille un peu plus tard, je situai rapidement le problème qui avait eu pour origine l'inversion des deux doublets situés en lignes 1 et 2 ; j'avais semble-t-il échangé un 23 pour un 27, et l'erreur avait eu suffisamment peu de conséquences sur le reste de la grille pour que je ne m'en rendisse pas compte.
La messe était dite : l'attribution des trois premières places marquant la fin de la compétition, j'en restai à 7 grilles résolues sur 8 et héritai de la 5e place définitive. La déception d'avoir gâché une si belle occasion après avoir mené le train pendant la majeure partie de la finale fut heureusement quelque peu atténuée par le fait que la fatigue avait commencé à s'emparer de moi ; bien que passionnante, ce fut en effet une longue soirée au cours de laquelle mon état empira graduellement, et j'avais presque complètement perdu la voix lorsque je rejoignis ma chambre afin de profiter d'un repos nécessaire.
Restait maintenant à espérer que les trois dernières épreuves individuelles programmées le matin du jour suivant n'allaient pas tourner au fiasco à leur tour, me privant de la perspective de disputer une seconde finale. Mais ceci vous sera exposé dans un prochain message...
Si vous souhaitez vous essayer aux grilles de la finale, sachez qu'elles sont accessibles à partir de la page http://www.worldpuzzle.org/sudokugp/finals/ (lien Final Puzzles, en bas de la page), de même que leur solution et une galerie de photographies présentant les finalistes dans l'ordre décroissant de leur position avant d'entamer la finale.
Classement définitif du Sudoku Grand Prix 2013 :
1. Kota Morinishi (Japon)
2. Tiit Vunk (Estonie)
3. Jakub Ondroušek (République Tchèque)
4. Hideaki Jo (Japon)
5. Bastien Vial-Jaime (France)
6. Nikola Živanović (Serbie)
7. Seungjae Kwak (Corée du Sud)
8. Ulrich Voigt (Allemagne)
9. Michael Ley (Allemagne)
10. Jan Mrosowski (Pologne)
À suivre !
Nota : les images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.
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